Le vin est aussi vieux que la civilisation. Aussi loin qu’on remonte, on voit qu’il occupe une place dans la nourriture de l’homme et son histoire peut se raconter de nombreuses façons. Boisson des dieux ; boisson de l’élite ; boisson de réconfort pour ceux qui travaillent dur ; boisson dont la valeur économique importante résulte d’un long travail réparti sur toute l’année et d’un savoir – faire ; boisson obtenue à partir du cep de vigne qui entre en production au bout de 4 ans, une production souvent menacée par les accidents de la nature ou les maladies parasitaires. Facteur de convivialité, le vin fait partie de la fête et apporte l’ivresse. Rien d’étonnant dans ces conditions que l’art et la littérature l’aient si souvent mis à l’honneur.
Je tiens pour Hippocrate
Qui dit qu’il faut à chaque mois
S’enivrer au moins une fois (Marc Antoine Girard, sieur de Saint-Amand)
Nombre d’auteurs ont clamé les vertus de l’ivresse :
« Le vin rend l’œil plus clair et l’oreille plus fine » (Baudelaire)
C’est pourquoi, les hommes ont toujours voulu honorer cette boisson en obéissant à leur tendance naturelle à se réunir et pour cela organiser des fêtes du vin pour faire une trêve au labeur quotidien et mettre en commun leurs joies et leurs peines. Pour aller plus avant, il faut dire que les fêtes du vin recouvrent toute une série de significations qui ont pu différer selon les époques et évoquées ici en quelques tableaux. Il a existé, tout au long de l’histoire, de nombreuses manifestations autour du vin qui ne sont pas à proprement parler des fêtes : on pense notamment aux foires du Moyen Age et de l’époque moderne qui font toutefois une large place au vin.
Schématiquement, dans l’histoire des fêtes, il semble que l’on peut dégager 3 temps : – pendant des siècles, il existe un lien indissociable entre la fête du vin et la pratique religieuse.
– dans une époque beaucoup plus récente, la fête du vin est à mettre en relation avec le chapelet de difficultés qui affectent la vigne et le vin.
– enfin, aujourd’hui, alors que la phase des turbulences n’a guère cessé avec les aléas de la conjoncture, la fête a accru son caractère international. Elle s’inscrit, dans notre monde des affaires, dans le vaste courant de la
mondialisation.
Premier tableau : Les fêtes du vin au temps des dieux.
Le vin est une chose si précieuse que les hommes des temps antiques en attribuaient l’invention à un dieu. Dans les temps les plus anciens fêtes du vin et religion sont
étroitement liées. Fêter le vin, glorifier la nature et le changement de saison et honorer la divinité sont inséparables.
Le vin occupe une place importante dans la culture grecque antique. De nombreuses fêtes ont lieu au cours de différentes périodes de l’année en l’honneur de Dionysos, le dieu le plus vénéré des Grecs qui représente le vin. Il y a notamment la fête d’Anthestiria, en février-mars, festival de fleurs qui tire son nom du fait que les vins grecs sont célèbres pour leurs arômes de fleurs. Il existe aujourd’hui des résurgences de ce festival des fleurs, dans diverses localités de Chypre : Limassol, Larnaka, Paphos, moment de célébration de l’arrivée du printemps. Dans la Grèce antique, en février-mars, les jarres de vin sont prêtes à être consommées après la période de fermentation. La fête durait trois jours : le premier jour, on ouvre les jarres de vin nouveau couronnées de fleurs, près du sanctuaire de Dionysos, où l’on se rend sur des chariots. Sur le parcours, les fêtards se moquent des passants. Après une offrande au dieu, tous peuvent goûter le vin nouveau ; le deuxième jour se déroule la fête des pichets, toujours au sanctuaire de Dionysos, où on organise un concours de buveurs qui démarre au signal d’une trompette. Le jeu consiste à vider une cruche de vin le plus vite possible, d’une contenance d’un peu plus de trois litres. Le concours est ouvert aux hommes et aux petits garçons à partir de l’âge de trois ans. Ils reçoivent une cruche adaptée à leur capacité. Le champion est couronné de lierre et reçoit une cruche de vin. Puis Dionysos arrive sur un char naval qui symbolise la traversée des ténèbres hivernales et la sortie de l’hiver (Doc. 2-Arrivée de Dionysos sur un char naval). Le troisième jour est consacré au culte des morts.
On retrouve des fêtes analogues dans la Rome antique. Les vendanges n’allaient jamais sans fêtes en l’honneur de Bacchus (Doc.3-Représentation de Bacchus en grappe de raisin).
Le culte de Bacchus, ce sont les fameuses bacchanales, occasions de manifestations
frénétiques, de beuveries, d’orgies et autres débordements sexuels qui s’amplifient avec le temps, si bien que le Sénat finit par interdire ces manifestations en 186 avant Jésus Christ, dans lesquelles si le vin est de la fête, il est de moins en moins fêté (Doc. 4- Bacchanale de Rubens). En revanche, se déroulent à Rome de véritables fêtes du vin, appelées les vinalia. Il y avait celles d’avril, les vinalia priora, au cours desquelles on ouvrait les fûts remplis l’automne précédent pour offrir le premier jet en libation à Jupiter. Cette fête du vin nouveau est suivie des vinalia rustica du 19 août, moment d’inauguration des vendanges. Un prêtre coupait les premières grappes.
Au Moyen Age, on sait le rôle qu’a joué l’Eglise, pour sauvegarder cet héritage précieux qu’est le vin, menacé durant les temps obscurs du premier Moyen Age, celui des invasions. Elle a su également lui donner toute son importance et en faire une boisson prestigieuse réservée à une élite. Le vin est la boisson de l’aristocratie, le sang du Christ qui sert aux besoins liturgiques et à l’accomplissement du devoir d’hospitalité. Le christianisme supprime le culte de Bacchus, mais respecte la fête des vendanges pour célébrer ce don de Dieu qu’est le vin. Les fêtes des vendanges commençaient par quelques cérémonies religieuses. En Champagne, les jeunes filles allaient en cortège à l’église suspendre aux mains de la vierge la plus belle grappe de raisin. En Franche-Comté, les vignerons portaient solennellement à leur curé les premiers raisins de leur vigne. Partout, les vendanges terminées, on dansait sur la place du village et le vin coulait à flots.
Par la suite, aux temps modernes, les fêtes se maintiennent, mais ont un caractère païen. Partout, on fête la fin des vendanges par des réjouissances populaires et des cortèges pittoresques. Le caractère païen des fêtes donnait parfois lieu à des manifestations curieuses avec une résurgence du culte de Bacchus. Au temps des
vendanges dans certaines localités de la région parisienne (Argenteuil, Suresnes, Montmartre), alors très plantée en vignes, on mettait sur une table une statue de Bacchus assis sur un tonneau et ceux qui entraient dans le pressoir devaient faire une génuflexion devant la statue sinon ils recevaient des coups de manche à balai sur les fesses. Toutefois, il n’existe que peu de fêtes du vin sous l’Ancien régime et au début du XIXe siècle. Le vin est certes un élément incontournable des manifestations populaires. Par exemple, à Bordeaux, la visite d’un personnage important pouvait être saluée par l’installation de fontaines à vin commandées par la ville ; les mascarades et autres processions donnaient lieu au défilé du char de Bacchus avec distribution de vin et victuailles.
Des fêtes ont sans doute lieu en milieu rural, dans un cadre local limité ; elles sont pendant longtemps une glorification symbolique du travail de la vigne et expriment la joie d’une récolte réussie et rien de plus tant que ce produit de qualité qu’est le vin ne subit pas de véritables menaces, si l’on excepte les intempéries. Les choses changent dans la deuxième moitié du XIXe siècle et particulièrement tout au long de la longue Troisième République, siège de graves difficultés pour la vigne et le vin.
Deuxième tableau : Les fêtes du vin au temps des crises.
Ce n’est pas un hasard si les fêtes du vin, après une longue éclipse, retrouvent une actualité. Tout commence dans les années 1840, avec la grave crise de l’oïdium que suivront les autres maladies parasitaires, les pratiques frauduleuses ou encore les crises de surproduction et de mévente. Tout est fait alors pour valoriser les grands vins. On pense évidemment aux grandes expositions universelles qui présentent avec faste les grands vins de chaque région viticole, celle de 1855 notamment pour laquelle est élaboré le fameux classement des vins du Médoc et de Sauternes. Dans ce contexte de désir de propagande, pour employer le terme en usage à cette époque, de nombreuses fêtes vont se succéder. A Bordeaux, un des grands moments est l’exposition organisée par la Société philomathique du 1er mai au 20 novembre 1895 (Doc. 5-Exposition de 1895). Il y a dans l’évènement un côté très festif avec des animations des plus variées : course de chevaux, représentations théâtrales, fête nautique, feux d’artifice, retraite aux flambeaux, bals populaires…. L’exposition reçoit la visite officielle de Félix Faure qui préside un immense banquet réunissant plus de 800 convives dans les jardins de l’hôtel de ville (Doc. 6-Le banquet présidé par Félix Faure). Le cœur battant de l’exposition réside dans le palais des vins dédié à tous les vins de Gironde et des grandes régions viticoles : installé aux quinconces, face au fleuve, entre les colonnes rostrales, c’est un bel édifice de bois, de pierre, de verre et de faïence entièrement voué à la glorification des vins. Immense succès malgré une mauvaise météo qui ternit un peu la beauté de la fête.
Mais c’est surtout au début du XXe siècle, qu’un peu partout se déroulent des fêtes du vin et des vendanges.
Par exemple, en Alsace (Doc.7-Fête des vendanges en Alsace) ; (Doc. 8-Course d’automobiles à Argenteuil en 1912 à l’occasion de la fête des vendanges). En septembre 1909, pendant 3 jours, Bordeaux organise une fête des vendanges, à l’initiative de Marcel Gounouilhou directeur de la Petite Gironde (Doc. 9-Programme de la fête des vendanges 1909). Cette fête prend la forme d’une cavalcade de chars, représentations des différentes parties viticoles de la Gironde : (Doc. 10-Char du Médoc) ; (Doc. 11-Char de Sauternes et Barsac) ; (Doc. 12-Char de la reine) ; (Doc. 13-Char de la Réole avec une femme symbolisant la Garonne). Ils partent le matin des allées de Chartres et traversent les principales artères de la ville. Est également créé un opéra : Bacchus triomphant dans un
théâtre en plein air installé place des Quinconces et pouvant recevoir 25 000 personnes(Doc.14 et 15-Bacchus triomphant). Les représentations y ont lieu l’après -midi. La pièce en trois actes donne tout son sens à la fête. Au-delà de l’aspect folklorique, c’est une fête à la gloire du travail de la terre où le dieu de la vigne, Bacchus, et la déesse des moissons et de la fertilité, Cérès, magnifient la terre sacrée (Doc. 16-Cérès). L’acte 2 présente beaucoup d’intérêt. Les barbares, sous la conduite de leur chef Hunter, arrivent devant Burdigala. Les habitants se réfugient dans la ville dont ils ferment les portes et, tout à coup, alors que les cloches sonnent, un cantique de grâce s’élève et apparaît une vierge gauloise, suivie de jeunes filles (Doc.17-La vierge gauloise) ; (Doc.18-Entrée d’Hunter). Elle supplie Hunter d’épargner la ville qui leur apporte le bonheur. Hunter charmé épargne la ville. Les jeunes filles offrent à boire et finalement les barbares quittent la ville avec des outres chargées de vin. La foule porte en triomphe sa libératrice, la jeune fille qui élève au-dessus de sa tête un cep chargé de grappes : la vigne victorieuse. Les hommes de la vigne et du vin ont été victorieux d’un premier combat, quelques années auparavant, contre le phylloxéra. En 1908, ils en livrent un autre, dans une période de crise et de mévente. Cette fête porteuse de mécontentements, est une façon pacifique d’attirer l’attention sur la crise, la fraude qui dévalorise le vin que l’on veut réhabiliter aux yeux du monde entier. C’est aussi l’époque où les Bordelais attendent le décret de délimitation de la région qui aura droit à la dénomination Bordeaux. (La loi Cazeneuve du 5 août 1908 avait prévu une délimitation administrative, région par région par décret du gouvernement. Les Girondins n’obtiendront leur décret que le 18 février 1911). Les Girondins, tous unis dans une fête qui attire des milliers d’étrangers, s’adressent à l’Etat, à la fois pour qu’il prenne des mesures pour lutter contre la crise et un décret pour que la délimitation de la région bordeaux coïncide avec le périmètre du département de la Gironde. Le décret de 1911 leur donnera satisfaction.
Passée la période de crise du début du siècle, passés les temps de la guerre de 14 avec son train de conséquences, après des temps d’illusion de prospérité, revient celui de la crise économique, crise très grave des années 30 qui n’épargne rien et surtout pas le secteur viti-vinicole. Alors que la France s’enfonce dans la crise, est organisé tout un cycle de fêtes nationales du vin, entre 1933 et 1939, soit 7 fêtes nationales qui se déroulent successivement dans les capitales viticoles : Macon pour la Bourgogne en 1933, fête présidée par le ministre de l’agriculture Henri Queuille (Doc. 19-Fête de Macon 1933) ; et la presse fait largement écho de l’évènement (Doc. 20-Le petit parisien) ; Bordeaux en 1934 ; Reims pour la Champagne en 1935 ; Colmar pour l’Alsace en 1936, ;Angers en 1937 pour les pays de Loire ; Avignon en 1938 pour le Beaujolais et Montpellier en 1939 pour le Languedoc.
Prenons Bordeaux pour exemple. Les Bordelais participent aux différentes fêtes du vin. Par exemple, lors de la troisième fête du vin à Reims, Bordeaux est représenté par une délégation de 12 jeunes filles portant l’ancien costume régional d’Aquitaine ; elles escortent un char symbolique, une antique caravelle, image des exportations d’avant- guerre rappelant une prospérité disparue. L’année précédente, 1934, Bordeaux avait organisé sa propre fête du vin, évènement qui se déroule à la mi-juin, en présence du président de la République, Albert Lebrun en fonction depuis 1932 (Doc. 21-Le Président Lebrun à Bordeaux) Durant ces 4 jours ont lieu de nombreuses excursions dans les différentes parties viticoles de la Gironde. Le Médoc profite de ce grand moment pour organiser, à l’initiative de Désiré Cordier maire de Saint-Julien, une manifestation pittoresque, la fête de la longévité qui célèbre sous la présidence d’Albert Lebrun, les noces d’or et de diamant de 407 couples dans les 54 communes du Médoc (Doc. 22-Fête de la longévité). Se tient aussi un grand banquet, toujours sous la présidence d’Albert Lebrun.
Quant à la fête nationale du vin, proprement dite, elle consiste dans un long cortège de délégations des diverses régions viticoles de France. Elle offre des spectacles nostalgiques de la ruralité de jadis et exprime la renaissance de l’esprit régionaliste dans des représentations passéistes avec des défilés de chars et des figurants habillés de costumes traditionnels. Il en est ainsi dans chacune de ces fêtes. Pour en revenir à Macon en 1933, on voit bien cette référence historique dans une scène où les grandes familles interprètent au théâtre de verdure la fondation de l’hôtel- Dieu de Beaune par leurs ancêtres. En 1937 à Angers, les Plantagenêts sont mis à l’honneur dans les grands défilés à travers plusieurs scènes historiques ; il y a ainsi le char de Foulques-Nera offrant à l’abbaye de Saint-Aubin d’Angers des tonneaux conduits par des paysans.
Au-delà de l’aspect folklorique et festif qui assure leur succès populaire, ces fêtes revêtent un aspect commercial. A Bordeaux, au même moment se tient la foire d’échantillons, au cours de laquelle la viticulture girondine devrait retirer du profit. Le Comité départemental des vins de Bordeaux, ancêtre de notre CIVB, profite aussi de ce moment pour organiser une « propagande », pour employer le mot utilisé, intense autour du vin. A cette occasion, et durant les semaines qui suivent la fête, un musée du vin est installé au Grand Théâtre, tandis qu’une action est conduite auprès des hôtels, cafés et restaurants pour les inciter à servir des vins de Bordeaux à leur clientèle (Doc. 23- Programme fête Montpellier et Doc. 24-Publicité). Ces fêtes nationales s’inscrivent donc dans une période de crise très grave, une crise qui touche l’économie et à laquelle n’échappe pas le marché du vin dont les cours ont chuté. Elles expriment le drame qui se joue dans la France viticole et se mêle à l’aspect festif. C’est pourquoi toutes ces fêtes des années 30 revêtent un aspect officiel et se déroulent sous le patronage de la République qui s’exprime avec le déplacement des plus hautes personnalités et un fort déploiement de drapeaux tricolores (Doc. 25- Angers, la reine remet l’étendard des vins de France au Président Lebrun).
Et puis la guerre est arrivée et les fêtes ont cessé, pour retrouver une actualité, souvent longtemps après-guerre.
Troisième tableau : les fêtes du vin au temps de la mondialisation
Aujourd’hui, un peu partout en France, on célèbre le vin à travers des manifestations variées. Nombre d’entre elles conservent un caractère local. En Alsace, les villages viticoles de la route des vins s’animent à tour de rôle autour des célèbres fêtes du vin ; en Bourgogne, si les festivités sont nombreuses, le moment fort a lieu au moment de la vente des vins des hospices de Beaune ; il y a aussi des fêtes en Languedoc-Roussillon. Des fêtes ont lieu régulièrement dans les différentes parties de la Gironde viticole, avec des visites, des expositions, des défilés, des dégustations, des dîners vignerons à la propriété. Disons que le vin, plus que jamais, est au cœur de manifestations diverses. Sans entamer un exposé les concernant, il faut souligner le rôle majeur des confréries du vin qui existent en nombre dans toutes les régions viticoles, et particulièrement en Gironde : les commanderies du Bontemps, les Compagnons du Bordeaux, les connétablies de Guyenne… dont certaines sont très anciennes. La connétablie de Guyenne Entre deux Mers fait remonter ses origines médiévales à 1152. Importance de ces confréries et commanderies, réunies au sein du Grand Conseil du vin de Bordeaux, qui sont amenées à jouer un rôle central dans ces manifestations populaires. Toutes sont héritières de traditions vieilles de
nombreux siècles. Un exemple : Il y a, depuis 1948, la fête de la jurade de Saint-Émilion qui organise, chaque année, la fête de printemps en juin et le ban des vendanges en septembre. Ses membres défilent dans la cité, vêtus d’une robe rouge traditionnelle rappelant la puissance de la jurade des siècles passés. Au cours de la cérémonie, les jurats montent au sommet de la tour du Roy pour proclamer le ban des vendanges (Doc. 26-Ban des vendanges à Saint-Emilion). Ces festivités autour du ban des vendanges se retrouvent en maints endroits, à Avignon notamment, et même jusque dans les vignes du fameux clos Montmartre. La fête des vendanges de Montmartre célébrée depuis 1934, est un évènement parisien important qui attire des milliers de parisiens pendant 5 jours. La première fête s’est déroulée en 1934 sous le patronage de Mistinguett et Fernandel (Doc. 27-Fête de Montmartre). Ces confréries garantes de l’identité et de la singularité des terroirs magnifient la vigne au moyen de rites et de costumes ; mais elles ne sont pas seulement des institutions du passé. Elles allient tradition et modernité, puisqu’elles sont tournées vers l’avenir et jouent un rôle majeur dans la promotion des vins. Elles reçoivent d’ailleurs des personnalités dignes de faire connaître les qualités du vin et de devenir ambassadrice des appellations et il y a une véritable ouverture à l’international. En voici une illustration musclée. La fête de Libourne a eu en 2017 la visite de l’acteur et gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, reçu par la confrérie (Doc. 28-Fête Libourne).
Mais aujourd’hui, il existe de plus en plus de manifestations d’envergure, dont le caractère international est accru et dans lesquelles les confréries sont omniprésentes. On le voit bien à Bordeaux. Déjà, lors de la fête organisée par le CIVB au mois de juin 1971, pour célébrer le millésime 1970, au-delà de l’aspect convivial, l’aspect promotionnel est très prononcé dans un climat de crise encore : il s’agit de toucher un large public, notamment étranger. Des défilés ont certes lieu à Bordeaux. Mais, pour la première fois, c’est au parc des expositions de Bordeaux-Lac que les choses vont se dérouler. Y sont exposées des milliers de barriques et 20000 convives participent à des séances de dégustations et des banquets. Aujourd’hui, la plateforme incontournable de la scène internationale dédiée aux professionnels du vin, c’est vinexpo. Mais, pour en rester aux fêtes du vin proprement dites, c’est surtout, depuis 1998, que Bordeaux a vraiment donné de l’ampleur à ces fêtes. La fête se déroule tous les deux ans, en alternance avec la fête du fleuve. Elle a lieu aux alentours des 21 à 24 juin, c’est-à-dire du solstice d’été, de la fête de la musique et de la Saint-Jean, du jeudi au dimanche (Doc. 29-Bordeaux fête le vin). Des stands permettent de déguster des vins et des spécialités régionales. L’évènement attire quelques centaines de milliers de visiteurs de tous horizons. Celle de 2008, à l’occasion du dixième anniversaire, a donné lieu à l’inscription de la façade des quais au patrimoine mondial de l’UNESCO et à l’organisation de 4 spectacles pyrotechniques depuis des barges sur la Garonne, représentant chacun une saison (Doc. 30 et 31). En 2014, Los Angelès était invitée d’honneur à l’occasion de la célébration du 50eanniversaire du jumelage des deux villes (Doc. 32- Bordeaux accueille los Angeles). Ces fêtes donnent lieu à des conférences et des défilés des confréries du vin. En voici une belle illustration avec la connétablie de Guyenne dont le Grand maître est un des éminents membres de notre Académie (Doc.33, 34,35, 36). Un grand rendez-vous a eu lieu du 14 au 18 juin 2018, puisque la fête a eu 20 ans. Bordeaux participe aussi à de grandes fêtes en dehors des frontières : la fête du vin de Hong Kong (Doc. 37- Fête du vin à Hong Kong)Québec, Bruxelles. L’idée est toujours la même, promouvoir les vins, d’autant qu’à la fin du siècle précédent la filière subit une nouvelle crise d’ampleur.
En définitive ces fêtes du vin sont une rencontre du passé, du présent et de l’avenir. Quand on parle de vin, on en arrive toujours à parler histoire. Le présent, c’est le plaisir
pour tous ceux qui viennent à ces manifestations de se retrouver ensemble entre amis et parents dans la foule pour déguster et goûter, connaître les vins, personnalités aussi telle cette dégustation en présence du grand maître de la connétablie de Guyenne (Doc. 38) ; il y a aussi le côté ludique (par exemple, en septembre de chaque année, a lieu le Marathon du Médoc, au cours duquel sont dégustés des vins de la région entre deux foulées) (Doc. 39-Marathon du Médoc). Le présent, c’est aussi pour les hommes de la vigne et du vin le désir de séduire les consommateurs français et étrangers et de présenter avec fierté des produits de qualité, résultat du travail difficile d’hommes et de femmes courageux qui aiment leur métier et savent que le vin est une fierté française qu’il ne faut pas sacrifier et continuer à boire avec modération. Et l’avenir ? On ne sait pas de quoi il sera fait. La vie de ces hommes du terroir et du négoce, c’est celle d’un combat permanent pour valoriser, défendre leurs produits et faire en sorte que demain apporte du bon. C’est dire que ces fêtes sont porteuses de bien des choses.
FIN
(Doc. 40, allégorie du vin de François Maurice Roganeau (1883-1973) à la Bourse du travail de Bordeaux.
(Doc. 41), il faut évidemment terminer avec la prestigieuse confrérie qu’est la connétablie de Guyenne et une invitation au voyage qui rappelle la grandeur passée et invite aussi à regarder encore aujourd’hui au-delà de l’Europe.
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