Source : Bordeaux Gazette, 15 novembre 2011
L’Académie Montesquieu récompense Mme Spector, Professeur à L’Université Michel de Montaigne, pour son ouvrage consacré à la pensée de Montesquieu.
Les Archives Départementales de la Gironde ont accueilli ce lundi 14 novembre la cérémonie de remise du Prix Montesquieu 2011 en présence de M. Madrelle, Sénateur et Président du Conseil Général de la Gironde, de M. Xavier Rolland-Billecart, Président de la Caisse des dépôts et Consignations, et de M. Jean Mondot, Professeur à l’Université de Bordeaux III . Cette année, l’Académie Montesquieu représentée par son Président M.Christian Taillard a récompensé Mme Céline Spector, Professeur de philosophie à l’Université Bordeaux III, pour son ouvrage « Montesquieu : liberté, droit et histoire » (éd. Michalon).
L’Académie Montesquieu a été fondée en 1945 par un médecin, écrivain et philosophe, le docteur Jean Max Eylaud (1896-1979). Ce dernier souhaitait ainsi insuffler un nouvel élan à la vie intellectuelle bordelaise quelque peu assoupie pendant l’Occupation en se donnant comme plate-forme l’œuvre, la pensée de Montesquieu et leurs prolongements.
Céline Spector avec le prix remis par Christian Taillard et Jean Mondot
photo Bordeaux Gazette – Mireille Rajoely
En récompensant Mme Spector, l’Académie Montesquieu a voulu saluer l’intention de la jeune normalienne, spécialiste de la pensée politique des Lumières, de proposer un ouvrage introductif à l’œuvre de Montesquieu qui sorte des poncifs qui contribuent à la méconnaissance de la véritable pensée de l’illustre Bordelais. L’on connaît surtout Montesquieu pour le caractère libéral et moderne de sa pensée – la séparation de pouvoirs – mais l’on sait moins qu’il fût le penseur de l’un des ressorts essentiels des sociétés démocratiques modernes. Là où le penseur anglais (1723-1790) Adam Smith voyait dans le désir de profit individuel la source de l’harmonie et de la richesse des nations (la célèbre « main invisible », credo du capitalisme), Montesquieu maintient une forme de pluralité des motivations individuelles dans le jeu social en posant qu’au déclin progressif des vertus en politique se substitue le désir de reconnaissance individuelle- ce qu’une vision purement économique du jeu social ne saurait comprendre. Ce serait ainsi méconnaître profondément notre modernité que de faire la double erreur de croire que la pratique politique de notre modernité peut devenir morale d’une part et que le seul profit économique est source de motivation d’autre part. C’est ce que permet de comprendre l’ouvrage précieux de Mme Spector. On peut bien entendu le trouver dans tous les bonnes librairies.